Extrait d’une interview
de l’artiste peintre, commissaire d’expo Abdience Obin
Artistesbiographies : Monsieur Abdience Obin
comment fonctionne un marché de l’art
Abdience Obin : A mon avis un marché de
l’art devrait comprend les éléments suivants : posséder une fondation d’art,
une réglementation sur l’acquisition par l’État ou les organismes publics
d’œuvres d’art pour exposition, et davantage d’ouvrages d’art pour les lieux
publics, au service de la vie culturelle de la population. Il s’agirait aussi
de la disposition fiscale pour les entreprises qui soutiennent les activités
artistiques, de mécénat et de parrainage, ainsi que de l’organisation des
festivals des beaux-arts. Il serait également nécessaire de créer des centres
d’évaluation et de vente aux enchères d’œuvres, ou encore, de mettre en place
une Association des galeries d’art haïtien. Plus généralement, il serait
impératif d’appeler au soutien des dirigeants à l’égard des activités
artistiques, d’encourager les collectionneurs privés et la création de musées
des beaux-arts privés.
Je pourrais dire que quant à une fondation d’art, «sur le
plan des principes, sa création est très simple, mais le réel problème est de
trouver des mécènes haïtiens et des parrains pour soutenir la fondation». L’État
haïtien n’a aucune politique d’investissement dans les beaux-arts, et aussi il
n’y a aucun candidat à la présidence qui en parle durant la campagne des
élections présidentielles haïtiennes du 9 octobre 2016. L’État haïtien ne donne
aucune priorité aux entreprises pour les encourager en ce sens, de sorte que
celles-ci ne s’y intéressent pas ; et avec les rares d’entre elles pour qui c’est
le cas, cela se limite à des relations purement personnelles avec l’artiste.
Artistesbiographies : vous connaissez un pays
par exemple ?
Abdience Obin : Je connais un peu du
marché de l’art français, les tableaux, notamment ceux des artistes peintres français,
sont assurés comme des biens qui, comme tels, peuvent faire l’objet de
transactions commerciales ou être donnés en hypothèque à une banque. Le
commerce des tableaux, et de l’art en général, devient ainsi une forme
d’investissement. En France, les œuvres d’art sont définies comme des biens
mobiliers qui bénéficient d’une fiscalité spécifique : les œuvres d’art ne sont
pas incluses dans l’assiette de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune).
Certaines œuvres, considérées comme trésors nationaux, sont également interdites
de vente.
Alors qu’en Haïti, on ne voit pas l’intervention de
l’État ou d’organisations sociales dans le commerce de l’art. Certes, au-delà
de la simple exigence économique se profile la nécessité d’une authentique
culture de l’esthétisme, pour rendre l’art attrayant et concilier l’envie
d’acquérir avec le plaisir d’admirer. Devant cette situation, une question se
pose : quand les peintures haïtiennes seront-elles considérées comme un
patrimoine de valeur, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays ? Le développement de l’art a
toujours été ignoré par les candidats aux différentes élections, qu'elles
soient locales, législatives ou présidentielle. Aux acteurs du marché de
l’art - les artistes, les collectionneurs d’art, les galeries d’art, les
musées, les fondations d’art-, mais surtout, et en premier lieu, à l’État d’y
répondre.
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